Qui a dit qu'il fallait naître à Buenos Aires pour s'illustrer dans le tango? Débora Russ vient de Cordoba, comme quelques grands musiciens (les bandonéonistes Ciriaco Ortiz, Homero Manzi, ou Ruben Juarez pour ne citer qu'eux). Qui a dit qu'il fallait avoir tété le tango au biberon pour en faire son métier ? Débora Russ n'est pas née dans une famille de musiciens, et son enfance est davantage bercée par les chansons espagnoles qui entretenaient la nostalgie de son grand père. Enfant, Débora a pris des cours de danse flamenco et deviendra même professeur diplômée, mais à l'entendre, nous ne sommes pas si éloignés du tango: «En écoutant Anibal Troilo, un génie du bandonéon, j'ai toujours trouvé quelque chose d'andalou dans sa musique. Bien avant de savoir qu'en effet, c'était un grand connaisseur du flamenco», dit la chanteuse.
En 2012, son nouveau défi porte le titre de "Tangos Pendientes" : tangos en suspens, en attente. Elle est accompagnée de Victor Villena au bandonéon, Alejandro Schwarz à la guitare et Mauricio Angarita à la contrebasse. Pour ce disque, Débora Russ s'éloigne de la création contemporaine pour revisiter quelques classiques, pas forcément très connus. « J'ai formé le répertoire en demandant à mon entourage quels tangos ils aiment, ou ils aimeraient m'entendre chanter », dit-elle. Une élection puisée dans un répertoire d'une immense richesse. « Il n'y a pas de sujet qui n'ait été chanté dans le tango », ajoute Débora Russ. « Tour à tour descriptif ou philosophique, il exprime la tristesse, la joie, l'amour dans toutes ses facettes et ses mystères, les mouvements sociaux, la politique, les passions populaires comme le football ou les courses de chevaux, et même le sacré ou le mystique. »
Distribution :
Debora Russ : chant
Alejandro Schwarz : guitare, arrangements
Victor Hugo Villena : bandonéon
Bernard Lanaspeze : contrebasse
Collection VOX POPULI
« Sur un ton cantatrice aux envolées vocales éplorées, la chanteuse retrouve la connivence de Borges et Piazzolla avec Jacinto Chiclana, un tango intimiste égrené aussi par la guitare aux évanescences gitanes d’Alejandro Schwarz, épaulé par la contrebasse de Mauricio Angarita. Tous deux arrangeurs de cet album qui donne la part belle au tango classique. Comme ceux de Golondrinas (hirondelles), une composition de Carlos Gardel à la langueur entraînante et où le bandonéon invite à l’abandon alors que sur Soledad (solitude), musique de Gardel aussi, l’instrument sait gémir et se réveiller. Débora n’oublie pas d’évoquer aussi le tango novateur comme celui de Que Buenos Aires tenga voz (que Buenos Aires ait de la voix), écrit dans les années 1970 en pleine désuétude du genre qui retrouve une nouvelle vie et ne cesse de s’éclipser pour mieux revenir. »
David Marif
« Debora Russ détonne avec ses chants entièrement tournées vers un tango contemporain, très rythmés, portés par les instruments classiques comme le bandonéon, la guitare et la contrebasse. »
CD - AC 145 - 2012
Harmonia Mundi / Accords Croisés