Kamilya Jubran, chanteuse et oudiste palestinienne, et Sarah Murcia, contrebassiste adepte de la ligne claire, ont longtemps songé à croiser leurs univers et leurs langages respectifs.
Avec "Nhaoul' ", elles ont trouvé la formule magique pour donner libre cours à leurs cordes sensibles sur un terrain de jeu patiemment construit.
La base du duo repose sur une convergence musicale et esthétique étonnante, qui s’est solidifiée en approfondissant plusieurs compositions de Kamilya sur des poèmes - en prose, pour laisser à l’oud une totale liberté rythmique et mélodique.
Les textes sont forts, choisis chez des poètes contemporains ou, pour la Suite Nomade, extraits d’un recueil de poésies bédouines des déserts du Sinaï et du Negev et chantés en dialecte.
"Nhaoul’ ", d’abord créé sur les scènes de l’ARC de Rezé et de la Dynamo de Banlieues Bleues, n’a pas fini de surprendre son monde. Au fait, "Nhaoul’ ", en arabe, désigne le "métier à tisser", plus précisément le châssis sur lequel se tendent et s’entrecroisent les fils pour fabriquer le tissu. Ici, pas de doute, la trame est solide.
Distribution :
Kamilya Jubran : oud et voix
Sarah Murcia : contrebasse
Marion Brizemur : alto
Catherine Debrouker : violon
Christine Krauz : violoncelle
Collection VOX POPULI
« Apre ou suave, la voix de Kamilya Jubran épouse sur un écheveau de cordes raffiné -- alto, violon, violoncelle --, toutes les nuances de la poésie bédouine.
Depuis qu'elle a quitté la Palestine, il y a dix ans, la chanteuse et oudiste Kamilya Jubran n'a cessé d'emprunter des chemins contemporains toujours plus audacieux. (…) Elle trouve, dans ce nouveau projet en quintette, un fascinant équilibre entre épure et sophistication : le fruit d'une complicité de longue haleine avec Sarah Murcia. Sur Nhaoul' (« métier à tisser », en arabe), la contrebassiste, qui s'est initiée aux quarts de ton et aux longues arabesques de la musique arabe, érige avec les autres musiciennes (alto, violon et violoncelle) un écheveau de cordes aux rythmiques complexes qui rehausse les compositions de Kamilya Jubran avec une rare sensibilité.
Cette dernière s'appuie sur des textes forts, poèmes en prose sur le chagrin d'amour, le désir, le désespoir ou la solitude des femmes bédouines. Sa voix âpre, nourrie de plaintes et d'évanouissements, en exalte la rugosité autant que la suavité, cultivant une aridité poignante, comme sur le sublime Kam, qui évoque l'espoir et l'agonie. Entre onomatopées caustiques et cordes dissonantes, ses trois Suites nomades, inspirées de vieilles poésies bédouines très rythmiques, sont plus radicales dans la forme. La dernière, pétrie de vocalises alanguies, est d'une sensualité folle. »
Anne Berthod
« En compagnonnage avec la contrebassiste Sarah Murcia, la chanteuse et compositrice palestinienne Kamilya Jubran révèle ici la beauté de la poésie arabe et bédouine contemporaine.
L’album s’ouvre avec l’interprétation magistrale d’une mélodie de l’étoile égyptienne, Sayed Darwich. Sarah Murcia y déploie un jeu vif, en parfait unisson avec les inflexions vocales de Kamilya Joubran, chantant l’amour transi (Hayati, poème de Mohamed Younes El Qadi). Suivent d’autres merveilles aux arrangements pour cordes signés Murcia : Kam, pièce complexe et passionnante, Laïtani à la beauté solaire, et enfin la Suite Nomade dans laquelle les deux artistes achèvent de tisser la trame de leur tapis précieux. »
Pierre Cuny
CD - AC 147 - 2013
Harmonia Mundi