Voici le disque d’une vie truculente, d’une voix légendaire. La figure emblématique du Peuple Rom, riche de plus de 580 morceaux enregistrés, 2 disques de platine et 8 disques d’or... sans parler des 2 nominations pour le titre de Prix Nobel de la Paix… nous offre un album acoustique, à la hauteur d’une carrière qui a su embraser et embrasser de nombreuses cultures.
Sa musique, qui reflète les influences d’Inde, de Perse et du Flamenco andalou, est ici - plus que jamais - mise en valeur par sa rencontre avec Titi Robin. Ce dernier, fan de la Dame de la première heure, a su créer un écheveau de cordes délicat au récit biographique de l’exceptionnel destin. De l’Inde à la Macédoine, il n’y a d’ailleurs qu’un pas pour celle qui fût érigée « reine des tsiganes », lors du Premier festival mondial de musique rom en Inde en 1976.
Pour l’histoire : née à Suto Orizari, village près de Skopje où Emir Kusturica a tourné le film «Le Temps des Gitans», Esma Redzepova chante durant de nombreuses années avec son mari, Stevo Teodosievski et son Ensemble, avant de commencer sa propre carrière. Sa voix - à réveiller les morts, la mémoire et l’histoire - fut découverte en France à l’Olympia en 62!. On notera aussi qu’Esma fût remarquable par l’attitude qu’elle a eu durant la guerre en ex-Yougoslavie, par sa défense de la culture Rom et ses prises de positions politiques, réclamant notamment un monde sans frontières pour les roms. Celle qui a dépassé son temps et ses frontières, arborant fièrement son passeport diplomatique, a été jusqu’à adopter 47 enfants afin de créer une sorte de cité idéale de la musique.
Esma présente ici, en tout cas, le disque de Sa légende.
Direction artistique : Martina A. Catella
Distribution :
Esma Redzepova : chant
Titi Robin : guitare
Gildas Boclé : contrebasse
Simeon Atanasov : accordéon
Zahir Ramadanov : clarinette
Macev Bilhan : trompette
Antonijo Zekirovski : percussions
Collection VOX POPULI
« (...) Quand la complainte est reprise plus loin sur le disque avec la guitare émue de Titi Robin, Esma fait courir le même frisson, déjà éprouvé au début de l’album avec plus de six minutes de chant intense sur une musique presque nue, O soleil. Mais la reine des roms sait chasser les nuages noirs pour des rondes lumineuses, un groove d’accordéon, trompette, clarinette (Zahir Ramadanov), percussions (Antonijo Zekirovski), contrebasse (Gildas Boclé), pour transformer une triste histoire d’adultère, Leno (la fille sombre), en farandole effrénée. Chez les roms, on sait aussi faire joie de ses propres peines. »
David Marif
CD - AC 119 - 2007
Harmonia Mundi