Graciana est une figure de la vie musicale de la région de Veracruz qui nous enveloppe à la manière de cette courbe si bien dessinée du Golfe du Mexique.
Graciana, surnommée "la Negra", perpétue le "son jarocho". Elle tient sa harpe comme elle donnerait un solide abrazo et distille à pleines mains depuis son adolescence, ces sons cristallins où se mêlent les paroles de la vie de tous les jours, versifiées avec art (des décimas chantées) et soutenues par un sens aigu de l'improvisation.
La vigueur de ses racines africaines se mêle aux couleurs hispaniques qui se sont tissées avec la culture indienne.
Les sons jarochos n'en finissent pas de définir une musique métisse. Une musique qui est aussi une affaire de famille puisqu'elle fut longtemps accompagnée par son père à la jarana (la petite guitare mexicaine) et au violon par son frère.
La Negra Graciana joue droit au cœur sans trop s'embarrasser de fioritures. Elle chante avec ferveur de cette même force qui la relie à la Vierge de la Guadalupe dont elle ne raterait à aucun prix de suivre la procession.
Maintenant comme avant, elle chante sur les terrasses de Los Portales, ces terrasses du Port de Veracruz qui l'ont menées aussi à se produire sur les scènes du monde, sans entamer son énergie ni sa franchise.
La Negra Graciana sait aussi nous inviter à la danse. Là, où le corps à son aise, peut se mêler aux accents savoureux de la musique et de la poésie populaire.
Caroline Bourgine
Concept et réalisation : Martina A. Catella
Distribution :
Silva Graciana "la Negra" : chant, harpe
Felipe Ochoa Reyes : jarana
Miguel Romero Uscanga : requinto
Collection VOX POPULI
« Graciana et sa harpe font corps. L'instrument accompagne la voix fervente, gaillarde, de Graciana, dans des improvisations versifiées, les decimas pleines d'anecdotes quotidiennes, d'histoires malicieuses ou sages, de terribles récits marins. Et même une version de la Bamba, régal de naturel. Autour de la Negra, les instruments typiques du son jarocho, la petite guitare jarana de Felipe Ochoa pour la cadence et la voix dans certaines chansons, et le requinto, redoutable guitare à quatre cordes, de Miguel Romero. Voici un disque tonique, rayonnant de charme joyeux, accompagné d'un livret remarquable. »
Claire Moreau-Shirbon
CD - AC 105 - 2004
Harmonia Mundi
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