La notion de « monde séfarade » n'existe à l'origine que dans les textes bibliques. Au cours des siècles, ce terme gagne une dimension historique à connotation culturelle et religieuse. « Séfarade » rappelle certes l'exil, mais équivaut aussi à une profession de foi et à une identité culturelle.
Henri et Idriss Agnel, père et fils, tous deux d'origine marocaine et spécialistes des musiques médiévales, ont pu amener leur compétences musicologiques à l'ensemble et surtout les confronter avec celles de Milena Roudeva et Milena Jeliazkova – toutes deux chanteuses bulgares, connaissant des chants séfarades des Balkans et plus particulièrement de Bulgarie, leur pays d'origine, longtemps province de l'Empire Ottoman.
Pour interpréter ce répertoire médiéval particulier, les quatre musiciens ont recours à une instrumentation colorée, à des techniques de chant, des pratiques de jeux et d'improvisation que les traditions orales balkanique et arabo-andalouse ont su préserver jusqu'à nos jours.
Distribution :
Henri Agnel : cistre, cétéra, oud, rebec, zarb, chant, direction artistique, arrangements
Idriss Agnel : oud, zarb, cajon, harmonium, cistre, chant, arrangements
Milena Jeliazkova : chant soprano
Milena Roudeva : chant alto-bariton
Collection VOX POPULI
« Les quatre musiciens-chanteurs nous racontent avec émotion par ce répertoire médiéval et métissé, la richesse de l’héritage des musiques méditerranéennes préférant l’esprit de veillée à la forme pure et muséale. (…) Ces musiques qui ont parcouru frontières et époques viennent aussi résonner avec l’actualité troublée du monde moyen-oriental évoquant les thèmes plus douloureux comme l’exil, l’errance, la persécution politique ou ethnique.(...)
Pour Henri Agnel et ses musiciens, ce répertoire métissé se veut aussi un tendre manifeste en faveur d’une polyphonie des cultures qui a fait et fait encore les richesses de la Méditerranée et qu’ils expriment à travers leurs échanges et leurs jeux. »
Mathieu Jules Chauvin
« Ils ont fui l'Andalousie au XVIe siêcle avec pour tout bagage identitaire leur langue judêo-espagnole. Refaisant le chemin de cet exode du peuple juif, les multi-instrumentistes Henri et Idriss Agnel (père et fils) ont choisi des couleurs métisses et chatoyantes, mêlant le xenh (tambour) persan, le caffin (caisse en bois servant de percussion) péruvien et l'harmonium indien aux cordes madiavales du cistre et de la viêle rebec. Dans cette retraversée des Balkans, ils ont invité deux chanteuses bulgares aux voix brûlantes, dont la véhémence atypique répond à la gravité magnétique de leurs voix masculines. »
Anne Berthod
CD - AC 163 - 2016
Harmonia Mundi